Apprendre a être bienveillant au quotidien avec les enfants est déjà tout un défi : apprendre à parler autrement, se mettre à leur portée, les accompagner dans leurs efforts…Travailler sur notre histoire, apprendre à maîtriser nos émotions…
C’est déjà tout un cheminement de prendre soin d’eux, et de nous-même, et ce cheminement nous amène parfois à nous positionner autrement dans notre vie, notre travail.
Mais comment rester bienveillant quand la Vie nous malmène ? Comment trouver en nous les ressources nécessaires, la patience, la douceur quand nous avons envie de nous rouler en boule ?
Nous le savons, la roue tourne, et parfois les moments de bonheurs laissent la place à d’autres passages plus sombres, et vice-et versa. Il n’est déjà pas simple de composer avec ces saisons de l’âme, de continuer à avancer, à tenir le cap, mais c’est encore plus difficile quand nous sommes les parents d’un ou de plusieurs enfants.
En effet, tel des tuteurs autour desquelles des plantes s’enroulent, nos enfants sont agrippés énergétiquement à nous. Nous sommes leur pilier, leur base.
Mais nous ne sommes pas faillibles, alors comment les protéger ?
Les enfants, dès leur naissance, et même encore plus loin, dès la période in-utéro sont de véritables éponges émotionnelles.
Ils captent énormément d’informations, tous les jours, si bien qu’énergétiquement, un enfant peut être altéré par ces informations reçues. Le problème est bien souvent que ces informations sont perçues, mais non traitées car elles sont floues, imprécises, et que l’enfant ou le bébé n’a pas forcément conscience du fait qu’elle appartient à l’un de ses deux parents.
C’est la raison pour laquelle il est intéressant d’entreprendre dès que possible un approfondissement de nos émotions, afin de les prendre en responsabilité, de savoir les accueillir et les relâcher, afin que nos enfants ne les portent pas.
Donc il me semble que la première chose à faire en cas de coup dur, est de les informer que vous vivez quelque chose de difficile, mais que ça vous arrive, à vous, et que vous allez le prendre en charge, accueillir vos émotions, et que ce n’est pas à eux de le faire.
Il est ici très important de comprendre que les émotions difficiles que vous ressentez sont les vôtres, et qu’il ne s’agit pas de s’épancher auprès de votre enfant, mais juste de les avertir que votre fleuve n’est pas tranquille actuellement.
Il est souvent préférable d’expliquer ce qu’il se passe, en quelques mots, et confirmer à votre enfant, même très jeune, même bébé que ce qu’il sent vous concernant est juste : il se passe quelque chose.
Même s’il s’agit de quelque chose de grave.
« N’enterrez pas ces questions, sous peine de voir plus tard vos enfants se débattre avec. »
« Ce n’est pas pour éviter aux enfants de souffrir qu’on ne leur dit rien, mais pour éviter de faire face à leurs émotions….comme à leurs réflexions (im)pertinentes. Nous n’osons pas affronter le regard de nos enfants, leur jugement. » Isabelle Filliozat, « Au cœur des émotions de l’enfant »
Les enfants auxquels on tait ce qu’il se passe auront peut-être plus tard à vivre les mêmes douleurs ou défis, afin de revivre les choses de l’intérieur, et finalement de trouver une solution pour l’émotion qu’ils ressentiront, et qu’ils avaient ressentie petit, quand le drame vous était arrivé, (et qu’il avait été tu).
En passant, je ne peux que vous recommander la lecture du livre ci-dessus, en particulier les dernières pages qui traite des passages douloureux de la vie.
J’ai pour ma part expérimenté (comme beaucoup de monde) des moments durs : violences dans l’enfance, puis plus tard séparation, procès de famille, et autres joyeusetés. Je viens de retomber sur le livre d’Isabelle Filliozat, « comme par hasard », et je m’aperçois que j’ai agi comme ce que j’avais lu 10 ans plus tôt.
J’ai parlé à chaque fois librement à mes enfants,de ce que je vivais, au fur et à mesure. J’ai répondu à leurs questions, et j’ai toujours pris soin de leur répondre, en fonction de leur âge et de leur compréhension. Je peux donc témoigner que pour l’instant, ils ont chacun leur personnalité, et leur défi, mais ils n’ont pas l’air de porter les miens.
Donc le premier conseil, pour moi, serait de partager ce que vous vivez.
Ce qu’il y a de triste (que ce soit léger ou lourd : deuil, perte d’emploi, séparation, viol, suicide : il est important d’appeler un chat : un chat).
Et ce qui y a de joyeux, de beau, de vivant en vous et pour vous.
La vie est faite de polarité, de contraires, et c’est ce qui la rend riche d’expériences.
Il est également indispensable que vous preniez en charge vos émotions.
Accueillez-les en vous. Osez pleurer, ressentir votre colère, nommer votre peur.
Pour être libérée, une émotion a besoin d’être vue,et accueillie, acceptée comme un enfant pas sage.
S’il est difficile pour vous de reconnaître vos émotions par vous-même, épanchez-vous auprès d’un(e) ami(e), ou d’un(e) thérapeute : parler , raconter à haute voix permet bien souvent de faire des prises de conscience. Le deuxième avantage est que vous vous sentirez moins seul(e) avec votre émotion, également, vous aurez moins la sensation, ou la peur de vous sentir submergé, puisque vous n’êtes pas seul(e).
Assurez-vous de vous sentir bien, en sécurité avec la personne qui sera auprès de vous, et de prendre vraiment le temps, au moins une fois, d’aller au bout de ce que vous avez besoin de dire.
Tout ce que vous vivez, même ce qui est douloureux a pour but de vous faire évoluer, de vous faire avancer dans votre vie. Au delà du bien et du mal, ce sont des expériences qui vous apprennent de nouvelles choses sur vous-même, et qui souvent (ou toujours) vous amènent à poser des choix pour votre vie future.
Alors oui, vous êtes ballotté(e)s, martelé(e) par un marteau géant, passé(e) à la centrifugeuse. Mais c’est maintenant que votre travail sur vous-même, votre capacité à laisser aller va s’exprimer, et c’est dans ce creuset que va se dessiner la nouvelle forme de votre prochaine étape.
Pour libérer votre émotion, une fois que vous l’avez reconnue, avouée, ressentie , il existe des techniques telles que l’EFT ou l’EMDR .
Ces techniques de psychologie quantique permettent de traiter des émotions tant anciennes que récentes, et de faire baisser l’intensité de votre inconfort.
Les techniques de relaxation et de respirations sont aussi utiles pour faire baisser le niveau de stress rapidement.
Et comme les enfants ont l’art et la manière de nous faire sortir de nos gonds, surtout en cas de turbulences de la vie, savoir respirer est un art incontournable.
Méditation, yoga, musique,sport, Nature, tout ce qui vous permet de vous centrer est aidant…mais…avez-vous remarqué ?
Bien souvent, quand on vit des choses douloureuses, on a l’impression de manquer de temps, d’être la tête sous l’eau, d’enchaîner comme on peut la course d’obstacle…
Cette sensation pénible est en général l’indicateur qu’il est temps de
En effet, lorsqu’on a cette impression de couler, d’être devant une montagne de choses à faire et de ne pas en avoir la force, c’est, en général qu’on se projette trop dans le futur, ou qu’on se promène encore dans le passé, mais en tout cas, on n’est pas dans le temps présent.
Il est indispensable pour ne pas être paralysé par la peur et de revenir à ce qui est.
Le passé n’est plus, le futur n’existe pas encore, et si un drame vient de vous tomber dessus, un tsunami vient de faire table rase de tout ce que vous aviez connu, et tout ce que vous pensiez construire.
Revenez ici. Maintenant. A la seconde près s’il le faut. Ici, vous respirez, et vous lisez mon article.
Respirez. Les 5 minutes d’après ne sont pas . C’est ici.
Cette mise au point dans le présent est à faire chaque fois que vous vous sentez terrifié(e).
Votre égo ne fait que remplir son rôle de protecteur. Pour cela ,il utilise un certain nombre d’ingrédients qui ressemblent à des choses plus ou moins connues, et les projette dans l’avenir : « il va se passer si, ça, tu ne vas pas y arriver »….
Pour l’égo, l’incertitude est l’ennemi à éviter. Mais il se trompe : le futur, l’inconnu n’existe pas encore,et tout est à construire…
Revenez donc au présent, et accueillez votre égo, rassurez-le. Vous allez y arriver. Vous allez vous relever. Et créer à nouveau.
Pour vos enfants, vous voir appliquer ces règles, et peut-être les faire avec vous leur enseignera comment rebondir quand eux-même traverseront des turbulences.
De même que vous allez avoir besoin d’accueillir vos émotions, il est possible et probable qu’eux aient également ce besoin.
Or vous êtes en première ligne pour les écouter et les accueillir.
N’oubliez pas que vous n’êtes pas responsable de leurs émotions. Elles leur appartiennent entièrement. Vous vivez peut-être une situation où vous avez une part active ( choix, changement de situation), mais c’est cette situation qui n’est pas simple à vivre, pas vous. Vous n’êtes pas la situation.
Ils ont le choix, et le droit de ressentir de la tristesse, de la peur, de la colère….ou de la joie, de l’optimisme…mais quoiqu’il en soit c’est leur choix inconscient.
Donc ce que vous entendrez leur appartient. Vous ne pourrez pas toujours changer la situation (sauf si vous avez une baguette magique, mais alors là, il faut qu’on en fasse un commerce, y a de la demande) mais vous pouvez les accueillir dans ce qu’ils vivent, et être là, avec eux.
De même qu’ils sont là, avec vous.
Mes enfants ont toujours eu autorisation d’exprimer leurs émotions, leur tristesse devant notre séparation à leur père et à moi. Ils sont aujourd’hui capable de nous parler de leurs petits tracas, leurs inquiétudes, même minimes, qui pourraient être tues dans d’autres familles…
Nous, les adultes, avons acceptés notre part de responsabilité, notre culpabilité. Nous avons beaucoup discutés de nos émotions, exprimés nos blessures. Les turbulences ont laissé la place au respect.
La bienveillance dans l’urgence des turbulences (on dirait du slam) c’est ressentir que vos enfants sont là, avec vous (et non pas dans une vie parallèle) et que vous êtes là avec eux.
Que même quand la vie n’est pas parfaite, et qu’il ne vous reste plus rien, il vous reste vos émotions, et votre présence.
Et que même au milieu des moments difficiles (pourris, diraient mes enfants), il y a des pépites de bonheurs.
Celles qu’on doit garder en nous, dans notre cœur, dans nos yeux, dans LEURS yeux…