Ce matin, je lisais un petit post sur l'insta de "la Voix qui porte". Son auteur définissait le super-héros par une figure fantasmée de quelqu'un.e qui prend en charge seul.e ce qui nécessiterait un collectif entier.
Quand je lis ça, je me sens accablée.
Car aujourd'hui, bon nombre de personnes ont perdu foi dans le collectif, autant qu'en elles-mêmes.
Il y a de nombreuses choses à guérir en soi, et divers traumas peuvent figer l'expression de visions, de sentis profonds pendant des années: et ce travail-là, revenir à soi est individuel, clairement.
D'un autre côté, une personne saine a des élans vers l'extérieur, vers les autres, mais toujours de l'intérieur de soi vers l'extérieur, et non comme une fuite de soi.
Dès lors, il est possible de créer, de recréer des collectifs sains, respectueux, organiques et intelligents.
Mais ce ne sera pas gage de succès: de nos jours, beaucoup de magnifiques initiatives sont écrasées, bafouées ou même tuées dans l'oeuf.
C'est dur, c'est cru, c'est injuste et difficile à regarder.
On pourrait vouloir démissionner, ne plus rien tenter...
Et pourtant, il y a des forces de vie en nous qui inlassablement essaieront, et essaieront encore.
Comme la graine qui doit se frayer un chemin vers la lumière, de nombreuses tentatives sont faite, de tout temps. L'inspiration est parfois aussi dans la persévérance.
Je dis " aussi", parce que actuellement, l'image mise en avant est celle de l'inspiration/ synchronicité/ fluidité où ça tombe d'un coup comme par magie.
je crois dans les inspirations patientes aussi... et c'est une qualité nécessaire pour les visionnaires, car par définition, leur vision est toujours d'avant-garde... et il faut savoir maintenir la vision aussi longtemps que nécessaire pour qu'elle puisse naître un jour.
Seulement, pour créer ces visions communes et collectives, capables d'entreprendre à l'unisson des projets importants de réparation et de création de notre société, il faut que les racines soient profondes, maintenues en état de santé.
Ces racines sont en chacun de nous.
Nous sommes responsables de nos racines, responsables de les nourrir, de les choyer.
D'une certaine manière, nous sommes aussi le monde, la Nature et si nous ne prenons pas soin de ce que nous sommes, la fractale dont nous représentons un tout petit morceau se projette de façon distordue à plus grande échelle.
Le chemin vers soi est en fait un chemin direct vers l'Amour, vers le Divin en nous .
ce n'est pas un concept, c'est une réalité vibratoire.
En nous se côtoie la grandeur de l'Essence que nous portons et aussi les contractions de notre humanité.
Il y a à chaque instant une prise de décision: qui suivre, quoi suivre? Ce que je vois et perçois de l'extérieur ou ce que je ressens profondément?
Fais l'expérience, quelques instants.
Pose-toi, et connecte-toi, profondément à ton énergie et observe: est ce qu'elle s'affole?
Ou est-ce qu'elle est calme, stable, posée, ancrée?
La ressentir profondément permet de comprendre qu'il y a une inadéquation entre les voix de notre mental, et la réalité de notre corps vibratoire.
Choisir la réalité vibratoire est disponible à chaque instant.
Choisir l'ancrage, choisir la vie en soi, l'Amour en soi, ce n'est pas tant faire tel ou tel acte " bienveillant" ( avec éventuellement une part de notre ego qui récupère ça en mode: "tu as vu comme je suis bienveillant.e ? ").
C'est agir à partir du calme en Soi. A partir de notre réalité vibratoire.
Je l'ai frôlé de nombreuses fois, cet état d'Amour... notamment pendant les confinements en 2020. Malgré les agitations, malgré les peurs collectives, j'avais inlassablement le même message: tout va bien. Regarde, ressens...
Il y avait en arrière-plan une vague incroyable d'amour qui circulait.
En 2021, quand le mouvement s'est réenclenché au niveau collectif, j'ai fait des choix qui n'étaient pas toujours en adéquation avec cette vibration profonde: rien de grave, mais des choix " au cas où". Ces choix ont été faits pour plusieurs raisons, pour plusieurs loyautés émotionnelles avec ma famille.
Je sais à quel point choisir notre réalité intérieure est un choix courageux: il s'agit de muscler sa capacité à résister à des systèmes de pressions internes, dans les différentes parts non guéries de notre psyché, mais aussi des pressions externes: les familles, les sociétés sont si intriquées que ce n'est juste pas facile.
En 2022, j'ai passé une année qui m'a mise à genoux. Les structures de protection que j'avais créées enfants se sont cassées la gueule. Je n'ai pas de mots glamours pour décrire ça.
J'ai mis des mois à m'en remettre... et je les regrette parfois... et pourtant, c'est en fait un progrès: cela m'a montré ce qui avait été figé, ce qui avait été mis en attente: une grande intensité de souffrance, d'anxiété, de tristesse, de colère.
Ce n'est qu'en les rencontrant que je peux aller les guérir, ces mouvements-là: tout ce que j'ai fait auparavant a été utile, et heureusement que j'avais appris des notions essentielles sur l'accompagnement des énergies et des émotions, car ça a été un énorme morceau.
C'est encore en cours, mais il y a déjà pas mal de choses qui ont été vues.
Depuis cette fin 2022, j'ai l'impression de réapprendre à marcher dans un nouveau corps: je redécouvre des sensibilités, des réactions étranges avant qu'avant j'étais plus " stable" émotionnellement.... Je peux davantage rejoindre l'enfant que j'ai été, pour de vrai.
Et crois-moi, ce chemin qui me met à genoux me met encore plus dans une posture d'humilité: ce que je croyais avoir compris de la Vie, de la guérison a été une fois de plus réduit en petits morceaux de charpie.
Mais ce n'est pas grave.
Les initiations prennent du temps, parfois toute une vie.
Je lis actuellement le parcours d'une femme qui a rencontré de nombreux enseignants dans sa vie, en Afrique, au tibet ou en amérique du nord auprès d'authentiques guérisseurs indiens. Ceux -ci relatent souvent le nombre d'années pendant lesquels ils ont été en apprentissage. Celui auquel elle fait référence parle de 66 années d'études.
Quelle magie nous fait-elle croire que ce serait rapide ou immédiat, pour nous, occidentaux.
Inlassablement, j'apprends cette humilité de revenir au stade de l'apprenante. Encore et encore la Vie me patine.
Et pourtant, je ressens viscéralement à quel point il s'agit seulement de ne pas fuir ce qui se présente.
Aller toujours au-delà des apparences et apprendre profondément : se laisser transformer alchimiquement.
Certaines situations font peur et c'est la raison pour laquelle être accompagné, par des maîtres, des guides ou des communautés qui ont cette culture est important.
Les peurs s'affrontent seul.e.s, et en même temps, le regard de ceux qui savent soutiennent la sécurité du process.
Faire ce chemin sans ce regard c'est s'exposer à des risques d'éclatement de la psyché, exactement comme quand on était enfant et qu'on a vécu des évènements si grands qu'ils n'ont pas pu être intégrés.
Le chemin de l'intégrité, c'est ce chemin tellement précis, initié par la Vie elle-même.
Je ne sais pas si tous les humains sont appelés par ce chemin et je ne crois pas que tout le monde " devrait" s'y engager pour être de " bonnes" personnes.
Mais je crois que les personnes qui se sentent appelées méritent de le faire avec une reconnaissance de ce que ça prend.
Les chercheur.se.s de vérité, les chaman.e.s, les guérisseur.se.s, les artistes, les absolus, les christiques, les gardiens de la Terre, les protecteurs de l'humanité.... la liste est sans doute longue, car je pense qu'on peut se sentir appelé sans se sentir concerné par l'appartenance à un groupe de personnes.
Chacun, chacune est unique.... mais chaque personne qui est appelé dans ce chemin guérit sa part du monde.... qu'elle en soit remerciée.
Et chaque fois que je me relie à ces personnes, dans le monde, en chemin, je ressens tellement de monde...
Tellement de monde.
Je ne suis pas seule, et tu n'es pas seul.e non plus.
Le chemin est là, à chaque instant.
A un choix près.