La pire honte qui soit, n'est pas celle d'une action, où même d'une parole intempestive.
La honte profonde la pire, est la honte d'exister.
La honte d'être ce que l'on est.
La honte d'être un.e humain.e qui n'est pas constant.e, qui a des variations, des préférences, des traits remarquables.
C'est cette honte qui peut nous pousser à nier des parts de nous ou notre être tout entier.
Cette honte qui peut nous pousser à nous annihiler peu à peu dans des spirales d'anesthésiants: nourriture, écrans, médications, recherche sans fin... tout, plutôt que de ressentir l'horreur d'être ce que l'on est au fond.
Ce que l'on est au fond n'est pas fixé dans le marbre, car nous sommes avant tout un espace où des émotions et des pensées jaillissent, rebondissent...
Et pourtant, nous sommes définis par un corps, qui lui-même a des caractéristiques, des préférences de nourriture, des compétences et des possibilités.
Et nous sommes la somme de tout ça, et en même temps, c'est indissociable. Le corps est autant contenu dans la conscience que nous avons l'impression que notre corps contient la conscience.
Beaucoup ( trop) de personnes pensent que quelque chose ne va pas en elle, qu'elles sont défectueuses.
Qu'elles doivent régler ceci ou celà pour que telle ou telle chose guérisse ou s'améliore dans leur vie.
Je pense que j'avais aussi cette sensation, pendant longtemps, mais ce n'était pas clair.Je crois que longtemps, j'ai avancé avec un élan d'espoir.
C'est particulier, l'espoir: car d'un côté, ça met en mouvement dans une dynamique de changement et d'évolution, mais d'un autre, cela part souvent d'un endroit de douleur et de manque.
Il y a quelque mois, en cheminant avec entre autres mon human design, j'ai réalisé que l'insatisfaction dans ma vie n'était pas quelque chose contre laquelle je devais lutter. Elle fait partie du mouvement même de mon design, aussi la brider ne sert à rien, à part à m'empêcher de suivre mon mouvement naturel, et donc à m'empêcher de contribuer à la vie.
Accueillir les élans partant de mon insatisfaction peut donc être très intéressant à vivre et à observer.
L'insatisfaction ne part pas nécessairement d'un manque, mais d'une sorte de coup de pression envoyer par mon centre racine ( le carré tout en bas, dans le schéma) .
Pour en revenir à l'espoir, il y a tout un business basé là-dessus: l'espoir d'un monde meilleur, l'espoir d'une richesse à venir, l'espoir d'une meilleur santé...
A vrai dire, je ne sais pas toujours mettre en mot les nuances entre espoir et vision.
Mais parfois, l'espoir nous empêche aussi de vivre la réalité au présent. Parfois, l'espoir nous fait prendre des risques inconsidérés, ou nous met dans une tension sur du long terme qui ne mène pas toujours à un dénouement heureux.
Mais peut-être parfois prenons-nous les choses à l'envers.
Que se passe t'il si plutôt que de me mettre en mouvement avec l'énergie du manque, je me met en mouvement avec une sensation profonde, une réminiscence vibratoire de l'harmonie: est-ce de l'espoir ( que je situe plutôt au niveau de la pensée) ou est-ce autre chose?
Que ce passe t'il si on apprend à accepter ce que nous sommes, à laisser vivre les émotions en nous?
La plupart des gens ont peur non pas de l'émotion, mais de sa manifestation inappropriée: tel parent qui nous crie dessus enfant, tel professeur qui se moque ou nous méprise, telle tristesse envahissante.
Et s'il était possible de se laisser traverser sans les faire rejaillir sur autrui.
Et si les émotions ne s'exprimaient plus "sur" quelqu'un, mais avec.
Je pense que nous manquons souvent de ces espaces-là ,ces espaces d'explorations de ce que l'on est. Que ce soit dans les relations personnelles ou professionnelles, il y a souvent des enjeux projetés ( perdre l'amour de l'autre, perdre le respect de l'autre...) .
Il y en a beaucoup moins dans les espaces thérapeutiques, sauf quand on se met soi-même la pression avec des objectifs inatteignables, comme ceux de devenir quelqu'un d'autre... ou encore qu'on se met la pression de devoir guérir, passer à un nouveau palier, etc...
Des paliers de compréhensions, il y'en a. Mais aucun ne se passe en forçant.
Ou alors, les conséquences dans le corps se feront sentir.
En revanche, quand on donne de l'espace et de la douceur, ces compréhensions se déposent peu à peu, au fur et à mesure que les challenges de la vie nous activent et que nous apprenons à traverser.
Ces derniers temps, je réalise que ce que je suis, tout ce que je suis fait partie d'un tout aui au fond est ordonné.
Un tout qui appartient au Tout.
Les deux dernières années ont été si challengeantes que j'ai traversé des mémoires très hard core. Les miennes, ou peut-être celles de mon ADN ou les deux, car tout résonne à plusieurs échelles.
Toujours est-il qu'il est arrivé quelque fois que je ne ressente plus la connexion au Tout, dans les moments les plus sombres ( c'est d'ailleurs rageant qu'au moment où on en a le plus besoin, on n'arrive plus à sentir sa connexion à plus grand que Soi. A moins que la déconnexion précède le moment de tension dans le corps? Je n'ai pas encore de certitude dans mon observation de ces processus, mais bon, question management, là haut, des fois, on se demande si ce sont pas des stagiaires qui ont pris les commandes ! 🤪😅😂) .
Je n'aurais pas parié il y a quelques mois pouvoir ressentir à nouveau cette douceur de se sentir appartenir à quelque chose de non nommable, mais de présent, comme une toile de fond. Et en même temps, dans ma conception du monde, il y a toujours un moment où l'énergie remonte et se rapproche à nouveau de son centre, de l'amour.
Mais ces deux dernières années, ce mouvement tardait à venir.
Comme une contraction qui n'en finissait pas de m'éloigner de la sensation d'Amour ( de moi, car ce vécu était très intérieur, et j'étais malgré tout capable de ressentir des courant d'amour autour, des moments d'émerveillements sincères... mais quelque chose restait encore imperméable à tout ça. Je n'ai rien forcé, car je sais fondamentalement que ça ne sert à rien, en revanche j'ai observé la coupure, les effets de la coupure, et le temps que ça a pris pour se reconnecter petit à petit) .
C'est d'ailleurs dans ces moments que j'ai vu, plongé, traversé des zones de honte profonde, de non-Amour, de haine de soi alors que je n'aurais jamais imaginé que j'avais ça en moi. C'est l'une des raisons qui me poussent à me questionner sur l'appartenance de ces sensations, car pour certaines, à un niveau, ça ne me parlait pas.
J'ai eu l'impression d'être en résonnance avec des couches profondes de l'humanité, et c'était effrayant, intense, intolérable parfois, mais le mouvement me faisait passer à travers quand même.
Ça a été des zones d'apprentissages incroyables, sans doute cellulaires et je commence tout juste à pouvoir y mettre des mots.
Ce qui en reste est maintenant une sensation de compréhension, de reliance, de douceur de laisser les parts de moi exister et de ne pas rejeter.
Même celles qui peuvent avoir de la colère, de la tristesse peuvent être accueillies et elles n'ont pas besoin d'être tenues en laisse.
C'est ça l'effet que ça fait: je relâche le contrôle que j'avais, en moi, sur mes émotions, et parfois je m'autorise à les montrer, là où avant je les contenais.
Peu à peu, je peux les exprimer si nécessaire, et dans ce cas, le " conflit" ou l'intéraction activante se dissout plus rapidement, en moi et autour de moi. ( j'ai encore du mal à être claire dans mes mots, je crois... je suis en cours d'observation)
En gros, quand je n'ai plus honte d'être ce que je suis, qui je suis, il y a encore moins de contrôle, et plus d'acceptation de ce que j'avais jugé comme mal, pas approprié ou pas aimable.
J'en arrive à aimer les mouvements moins sympa aussi, ce qui fait que ma valeur, ma raison d'être n'est plus remise en question.
Je peux être, quoique cela signifie, je suis.
Rien ne peut être remis en question dans ce que je suis.
Alors ce que j'écris ici n'est pas figé et peut-être que dans quelques mois, je serais à nouveau au creux d'une vague en train de boire la tasse. Encore.
Mais aujourd'hui, c'est cela que je goûte, et c'est doux.
J'espère que ces mots résonneront en toi si tu doutes et que tu pourras peu peu questionner cette honte fondamentale d'être soi pour laisser de la place à plus d'acceptation que ce que tu es est la Nature qui a pris une forme, et que cette forme, cette énergie que tu es est spéciale, unique, et ordonnée.
Pour ma part, le human design est un outil qui m'apporte beaucoup, au fur et à mesure que je le vis, que je l'expérimente et que je l'intègre...
Et je suis heureuse de proposer cette voie à ceux/ celles qui se sentent appelés par une saine curiosité!