Il y a de nombreux chemins, et tout le monde n'a pas le même appel, la même trajectoire... et pourtant, tous et toutes, nous avons des choses à affronter.
A l'extérieur de soi, à l'intérieur de soi...
Nous sommes souvent en résistance, en guerre, même.... et cette guerre nous prend beaucoup d'énergie.
Qu'en serait-il si cette énergie était dirigée vers la création, la construction de ce qui nous prend réellement à coeur ?
J'ai passé beaucoup de temps à guérir: me guérir moi, et aussi comprendre ( du moins essayer) les processus de guérison, le pourquoi du comment.
J'étais tellement avide de comprendre! J'y ai passé des années... à essayer de comprendre les émotions, à comprendre les débuts de vie, l'incarnation, les systèmes de causes à effets ...
Je ne sais pas si ça m'a rendue plus sage. Je n'en ai pas la prétention... je pense même que j'ai tellement touché le fond de mon ignorance et de ma non-sagesse, que c'est redevenu un mot abstrait: la sagesse ne m'apparait pas comme une qualité, mais comme une information qui se dépose quand quelque chose pétille dans l'interaction entre deux énergies.
Finalement, c'est un peu comme dans matrix: en ressentant l'énergie de plus en plus, je la sens se poser, comme se dé-poser, au gré des situations.
Est-ce que ça rend ma vie plus belle, plus sage, plus simple, est-ce que je peux en faire quelque chose?
Pas vraiment.
Mais ce que j'observe, c'est que quand j'accepte de voir, de ressentir, de nommer l'énergie se met à bouger, elle se remet en mouvement.
Je pense que cette interaction est une interaction naturelle du Vivant.
Et ma capacité à ressentir, à accueillir dépend de mon état de tension intérieure. Si je suis absorbée par des guerres, en moi ou autour de moi, je ne suis pas disponible.
Pour pouvoir créer un espace d'accueil, je dois régulièrement faire la paix en moi.
Faire la paix, c'est laisser émerger ce qui a besoin d'émerger: la tristesse, la douleur, les mémoires du passé, mais aussi, les désirs de création, les élans de vie...
Et puis parfois, la paix, c'est de ne pas creuser, de ne pas laisser les pensées tricoter encore des histoires...
Apprendre à vivre littéralement.
Apprendre à vivre les moments, les respirations, les temps longs comme les temps courts, sans laisser les pensées anarchiques me voler ces instants.
Les tentations de s'extraire sont nombreuses: les pensées, j'en ai parlé, mais aussi les distractions: écrans, imprévus du quotidien: pour le mental, tout est sujet à curiosité...
D'ailleurs, mon besoin de compréhension est-il un élan, ou une distraction? (Welcome dans mes tribulations, où tout est remis en question, régulièrement ;) )
La paix, la fin de la guerre en soi, on le ressent dans des moments qui nous semblent gracieux: des temps suspendus, des entre-deux, des moments de flow....
Et quand on la trouve, on a l'impression qu'on devrait la garder, la conserver... la chérir...
Et pour la chérir, on va avoir envie de la protéger, et pour la protéger, on va essayer de créer des frontières, des barrières, des protections, des règles pour essayer de faire en sorte qu'elle ne nous échappera plus....
Alors, on va se raidir, et... entrer en guerre.
Est-ce que tu vois comment c'est subtil?
Pour accéder à la paix, il faut aussi accepter son impermanence. Et donc, quelque part, accepter la présence de la non-paix. Et la non-paix n'est pas la guerre, c'est juste un état où on est peut-être happé, ou préoccupé, etc...
La guerre, c'est peut-être la contraction, ce moment où on saisit quelque chose ( idée, croyance, volonté) et qu'on ne veut pas le lâcher...
Et c'est là que j'en arrive à l'intégrité.
A cet endroit de complétude, et qui dit complétude, dit revenir à l'entièreté de soi... en incluant tous les élans, les paix et les non-paix.
Cette intégrité défocalise les croyances, parce que quand j'accepte des mouvements paradoxaux en moi, je peux accueillir le fait que d'autres humains, voire tous les humains ont aussi ces élans paradoxaux, et que pas plus que moi, ils ne peuvent les contrôler.
Car je ne crois pas dans le contrôle, mais je crois dans la maîtrise.
Et la maîtrise, pour moi, a à voir avec la rencontre avec soi, avec le " connais-toi toi-même" de Socrate.
La maîtrise vient avec l'autodiscipline qui consiste à s'observer, à comprendre les causes à effets en soi, tout en se laissant la possibilité de se surprendre soi-même.
Car peut-on réellement faire le tour de soi, quand on sait que nos talents et potentiels s'expriment au fur et à mesure de nos expériences tout au long de notre vie?
Dès lors, comme on ne peut prévoir sa trajectoire autrement qu'en la vivant, on revient à l'intégrité dans le temps présent.
Dans le fait d'accepter de vivre les émotions qui se présentent, les expériences, aussi...
D'apprendre à rencontrer les pensées qui remontent, les jugements, les contractions.
Faire la paix dans le présent, c'est apprendre à accueillir tout ça...
Alors oui, c'est fucking inconfortable !
Parce que cela déchire bien des illusions, sur le monde, sur soi....
On aimerait toujours accuser d'autres, faire rejaillir la tension sur d'autres... mais l'origine de la tension, elle est souvent en nous.
Le regard inconfortable, c'est le coût. Mais une fois qu'on sait où regarder, on sait qu'on peut trouver des solutions par soi-même.
Est-ce que tout ce qui nous arrive est de notre faute?
Non.
J'entends souvent des personnes qui ont entendu qu'elles avaient attiré à elles ce qui leur ai arrivé, et même si c'est arrivé enfant...
Hélas, cette croyance peut faire beaucoup de mal.
Il arrive fréquemment, dans ce monde, et ce dès le plus jeune âge qu'on soit balayé par des évènements trop gros pour nous, trop violents, et sur lesquels on a aucune prise.
On ne l'a pas cherché, ni appelé au niveau de l'âme. ( même s'il y a des résonances, conclure ainsi est puéril! Les résonances sont un sujet complexe.)
En revanche, en regardant en soi, on peut, petit à petit observer les mécanismes qui ont été gelés, qui ont empêché de se défendre, de poser des frontières, de se protéger.
Et en remontant la piste, apprendre ces compétences dont on a été privé pendant parfois des années.
C'est ça aussi, le chemin de l'intégrité: un réparation par l'action, une réparation en mouvement.
Pour ceux et celles qui ont été victimes, c'est aussi de retrouver leur saine aptitude à réagir, retrouver leur agressivité naturelle... le genre de qualité qu'on met à distance, en général.
Malheureusement, quand on a été victime d'un évènement, on a souvent peur de ressembler aux agresseurs, et on met sur liste noire, ou on éjecte les qualités semblables qu'on a en soi.
Rappelle-toi, toutes les qualités de l'humanité, en bien ou en mal selon leur utilisation sont en nous. Toutes.
Et on a besoin de toutes.
En polarité positive, idéalement... mais vouloir faire " tout bien", c'est encore se raidir dans une posture qui manque de souplesse, et qui éjecte des qualités précieuses qui font pourtant notre humanité.
Notre humanité, c'est un tout.
Pour retrouver de l'intégrité, de la paix, il nous faut embrasser cette humanité.
Entièrement, profondément... et euh... oui, ça demande une bonne dose de foi.
Cette foi est d'une certaine manière ce qui me guide... car j'ai eu beau regarder, chercher, étudier la guérison, et pendant des années croire " au Bien", j'ai pu aussi voir à quel point il est aisé de basculer dans de l'intégrisme.
Vouloir dire que telle chose est bien, manger telle chose est bien, croire en telle chose est bien, et qu'il y a une bonne façon d'être ( et donc, bien sûr, des mauvaises... ) ...
L'intégrité nous ramène vers ce qui est juste en nous, juste pour nous... et ça n'en fait pas une règle absolue pour toute l'humanité.
Néanmoins, faire communauté, c'est s'accorder sur des valeurs communes.
C'est la raison pour laquelle il est nécessaire de créer des espaces de réflexions communes, de discussions, de sentis .
Parce que c'est la rencontre avec les autres qui nous enrichit, qui met à jour nos plus belles qualités et aussi nos crispations et jugements intérieurs.
Ces espaces d'intégrité sont des espaces d'authenticité, de présence, de vulnérabilité car il n'y a pas d'autre direction que celle de l'intérieur qui se dépose au centre du cercle, qui s'offre.
Nous offrons ce qui est juste en nous.
Ce qui résonne profondément pour nous, dans l'instant, car les résonances aussi se transforment dans le temps, en fonction de qui nous sommes et de notre compréhension de l'instant.
Il n'y a que l'expérience de vie qui permet de savoir ce qui résonne depuis toujours en nous, ou ce qui résonne de façon temporaire et qui nous met sur le chemin...
D'où l'importance de rester humble sur le chemin, quoiqu'il arrive.
De rester respectueux de notre propre cheminement, et de celui des autres.
D'où l'importance, en tant qu'accompagnant d'être attentif au sillage qu'on laisse dans l'énergie de nos client.e.s et clients.
Les erreurs sont possibles, le plus souvent par ignorance, mais une fois qu'on sait, on sait.
Et ce savoir est ce qui peut guider nos pas, comme un garde-fou .
Finalement, une seule ligne de conduite (?) :
Apprendre à faire mieux, inlassablement, humblement, en incluant tout ce que nous sommes: nos forces, nos failles, nos à-coups.