Ces 3 dernières années j'ai vécu une grosse crise de foi, de remise en question au niveau professionnel.
J'étais écoeurée et saturée de ce que je voyais sur mes fils d'actualités, j'étais profondément alarmée par certaines pratiques tant thérapeutiques que de communication.
J'ai été trahie aussi par des personnes auxquelles j'avais accordées du temps et des transmissions de connaissance, et j'avais naïvement pensé que chacune voulait oeuvrer vers une cause commune.
Mais en réalité, chaque personne a ses propres motifs, conscients ou inconscients et ses propres biais . Je le comprends mieux maintenant....
J'ai failli tout arrêter, plusieurs fois: je ne voulais pas être associée à ce que je voyais. Que ce soit dans la parentalité, les pratiques énergétiques ou spirituelles, le domaine de l'accompagnement m'a paru vérolé par des courants de pensées dont l'énergie était 🤢😳🤮.
Et j'ai passé du temps à décoloniser aussi ma propre pratique, à re poser des concepts, à les remettre en question en profondeur.... et avec mon attachement pour l'énergie de l'intégrité, ça a été très en profondeur.
J'en suis venue à douter profondément de moi, de ce que j'avais offert.
Je me suis inquiétée des erreurs que j'avais forcément commises en cours de route.
C'était un processus de deuil profond, et sans doute nécessaire puisqu'il s'est présenté sur ma route.
Je n'en ai pas encore totalement tiré toutes les leçons, et quelque part, le processus suit encore son cours.
Ce qui me touche profondément dans ce que je vois du monde, c'est de voir que le milieu de l'accompagnement a été si touché par les notions mercantiles du toujours plus, de l'argent qu'il faut gagner à tout prix. Personne n'en sort indemne.
La notion de privilège y est très présente: on espère atteindre une place de sécurité où l'argent coule à flot. On voit passer des publications qui vendent du rêve à grand renfort d'image de coupe de champagne, de piscine, de grands voyages dans des pays magnifiques où la blanchitude permet d'exploiter encore les natifs sous couvert de spiritualité.
Partir à Bali, au Costa Rica ou au Mexique devient un symbole d'être "arrivé" en terme d'éveil, de guérison, etc...
Et c'est séduisant quand c'est caché derrière de beaux discours qui parlent d'authenticité, de croire en soi, de manifestation, etc... et trompeur.
Et plus nos systèmes sont en crises, plus nos gouvernements semblent vaciller, plus nous voyons se profiler des conflits ou des guerres entre les pays, et plus il y a une urgence à gagner de l'argent, à investir dans tel programme de reprogrammation de l'inconscient, à acheter tel ou tel template pour vendre rapidement, etc...
Moi aussi, je ressens cette pression: j'ai même récemment été à deux doigts d'investir dans une IA infusée de Human design qui promettait d'être plus alignée 😅😂 ( tu as le droit de rire) . _ mon mental: " nan mais c'est pour voir comment c'est fait ! " .
C'est toujours bien fait, ces trucs-là, ce n'est pas le problème.
Mais ça ne fait que tourner en boucle dans la boucle de "il faut, j'ai peur, je manque, etc..."
( Aparté: en human design, notre mental veut toujours faire quelque chose des informations qu'il a entendu. C'est mignon, mais inutile et ça crée plus de tensions qu'autre chose: en réalité, c'est en acceptant de ne pas savoir, en acceptant d'observer vraiment ce que ça veut dire de suivre sa stratégie et son autorité qu'on vit déjà ce qu'on est. Il n'y a pas forcément de choses à rajouter à ce que nous sommes, mais beaucoup à dépouiller ! _
Ce que je vois aussi du monde me rend perplexe parce que j'ai plongé en profondeur dans les domaines que je connais bien: j'ai vu de près les domaines de la parentalité, des doulas, des pratiques énergétiques et même des business alignés.
J'ai lu, étudié, testé, vécu , observé sur le long terme plusieurs personnes, connues dans leurs milieux ou pas tant que ça.
J'ai vu leurs énergies changer, essayer de rentrer dans des cases, en sortir, se laisser infuser par tel coach connu , se laisser polluer/diluer leur Essence en essayant de faire comme ce que leur coach disait, puis virer le coach, essayer de revenir à leur fondamentaux après avoir été cramé.e.s ...
J'en ai vu abandonner, passer à autre chose, revenir dans des boulots salariés ( et ça m'arrivera peut-être un jour: si je suis prête à vivre mon human design de façon radicale, je peux avoir la surprise de voir mon chemin se modifier, se transformer. La vie ne nous amène pas toujours où on croit, et dans mon design à moi, ce sont les gens que je rencontre qui peuvent particulièrement m'amener à prendre un autre chemin... ) ...
La vérité, c'est que dans les familles des coachs parentaux aussi, il y a des tensions, des conflits, des peurs, des enfants qui ne " réussissent" pas et qui prennent d'autres chemins. ( peut-être que c'est juste ça, la Vie, et que tous on a l'opportunité d'apprendre à aller en profondeur dans ces sujets pour mieux les comprendre et les accompagner? Ou peut-être que la systémie dans laquelle nous vivons ne permet de toute façon pas de vivre quelque chose d'harmonieux. Ainsi, on ne peut pas guérir ou tout protéger, si on ne se positionne pas pour transformer les systémies aussi.
La vérité, c'est que chez les personnes qui pratiquent des soins énergétiques ou chamaniques, il y a un intense désir d'aider l'autre, de croire dans le meilleur, mais aussi des fuites de soi, des difficultés à vivre le quotidien, des tentatives de controler ou de maitriser leurs peurs et leurs émotions qui peut aussi les amener à prendre le pouvoir sur l'autre de façon consciente ou pas.
La vérité, c'est que dans les milieux de business alignés et spirituels, il y a aussi beaucoup de peurs en arrière-plan, et à un moment, il y a souvent un point de bascule où la personne décide de créer sa réalité.
On pourrait se dire que c'est bien, que c'est admirable... mais j'observe un point qui me rend encore mal à l'aise: celui qui, en créant sa réalité, ne prend pas soin des systémies existantes et qui subitement, ne voient plus les inégalités, les systèmes monétaires basés sur l'oppression et le vol aux autres cultures... d'ailleurs, beaucoup de business sacrés s'appuient sur des pratiques ancestrales, des savoirs ( comme pour le cacao, les soins rebozos) , se déclare "descendant spirituels " de telle ou telle lignée autochtone, mais sans partager leurs combats...
_Je m'interroge beaucoup sur cette question de créer sa réalité: parce que finalement, c'est souvent encore un reflet des privilèges que nous avons à notre insu, en regard de la difficultés de beaucoup de personnes racisées à être reconnue pour leurs connaissances et leur savoir faire: il ne suffit pas de vouloir ou de changer d'énergie, et j'ai l'impression que cette injonction crée encore plus de honte que de soulagement. _
J'avoue que je bondis encore quand je vois des annonces du type:
Le 1er programme à lier les émotions et l'énergies
Le seul programme qui a tout compris X + Y, etc...
ça me fait rire jaune, et je vois ça comme de l'arrogance, de la facilité, et aussi, quelque part, un manque de respect pour les autres chercheurs, innovateurs, inventeurs, créateurs qui eux aussi créent des choses similaires en parallèle.
Ce moi-Je, qui nie les "nous " me désespèrent, parce que dans ma perception, le "Je", qui est unique et incroyablement riche a envie de contribuer à un courant d'évolution, de sensibilisation, quelque chose de nourrissant quand on retire les formes de pressions multiples et non naturelles qui pèsent sur l'individu.
Notre culture du chacun pour soi a ses limites, et surtout, manque de justesse et ça me fait grincer des dents.
Mais c'est justement la raison pour laquelle j'ai envie de continuer à écrire, à proposer des espaces de paroles, des espaces de guérison en profondeur et surtout des espaces d'engagement avec l'Essence et la Nature.
La question qui m'anime est celle-ci: comment vivre dignement et proposer à nos enfants des pistes honorables qui ne maltraitent personne ? ni soi-même, ni autrui.
Dans le monde d'aujourd'hui, c'est peut-être perdu d'avance.
Mais à l'orée de tant de changements, à commencer par celui de l'énergie en arrière-plan ( selon Ra Uru Hu, qui a créé le human design ... _ mais hélas oui, le gars a choisi un nom cosmique... qui dessert surement la véracité de ses prophéties et de son système.... malgré tout, de ce que je peux voir du human design et à travers mes expérimentations, ce qu'il dit est justement très intéressant et pertinent, et prend une diagonale originale qui relie les notions de revenir à Soi, d'être une contribution pour le monde, de se désillusionner, et de se laisser vivre notre nature... ) , ne peut-on pas justement s'engager à trouver des voies, à ouvrir des réflexions communes, à refuser les solutions de facilités qui nous coûtent notre planète, à apprendre à décoloniser notre pensée ( comme dans le human design, les accords toltèques et tant d'autres voies) et aussi à réfléchir de façon systémique, pour retrouver notre responsabilité, notre interdépendance et notre conscience de vie?
J'ai beaucoup observé et étudié ces questions ces dernières années, en écoutant mes enfants, mais aussi les familles qui m'ont faite confiance.
Derrière beaucoup de maux, il y a des enchainements: de pensées, de pressions, de peurs, de hontes, de non-dits...
Et bien sûr, la parole libère l'individu, lui fait prendre conscience de pas mal de choses.... mais il faut aussi libérer celle des parents, des grands parents, et de la société toute entière.
Se requestionner sur le sens de ces pressions, celles qui sont utiles, celles qui ne le sont pas...
C'est un processus qui irait plus vite si c'était un sujet que plusieurs personnes abordaient de façon lucide, en parlant vrai... mais c'est de toute façon quelque chose qui est déjà en cours depuis longtemps, individuellement.
Mais le fait de se questionner individuellement, sans le partager, crée une sorte de malaise sous-jacent, une question cachée dans les replis de la honte: "c'est moi où...", " les autres ont l'air d 'y arriver mieux que moi...", "je ne suis pas normal.e" si je ne suis pas " comme eux" , etc...
Je crois qu'il y a une peur profonde d'être différent, ou même fou ou inadapté, alors que le fait que beaucoup de personnes se posent la question pourrait traduire qu'au contraire, le système ne convient pas, ou ne convient plus....
Je crois que incarner ce que nous sommes, c'est un art de vivre qui accueille ce que nous sommes, qui ne nie pas notre humanité ni celle des autres.
C'est un endroit où on découvre qu'on marche sur un chemin étroit, une piste vibratoire qui en général nous fait d'ailleurs traverser les ombres, les lumières, les nuances de cette notion qui est notre message sur Terre.
on le ressent fortement, on le perd de vue, on le redécouvre sous mille nuances.
Il n'est jamais question d'être arrivés, mais de s'engager à ne pas quitter l'arène.
Quand on défend des choses qui nous sont chères, on ne renonce pas au premier coup de vent .
On se repose, on se restaure, puis on revient dans l'observation, on se réengage à nouveau.
C'est ainsi qu'on apprend de plus en plus de choses, qui d'ailleurs peuvent être utiles pour d'autres aussi....