{{ Dissonances et Compréhension }}
Ce matin, j'ai enregistré une vidéo/ interview pour le programme sur L'intuition de @osez_vous dans lequel j'interviens.
C'est passionnant de parler d'intuition, je sujet est vaste, nuancé, bref: j'aime !
Et mes réflexions m'ont emmenée sur le thème de la dissonance et de la stratégie de compréhension.
Une dissonance, c'est quand tu entends deux sons de cloches.
Par exemple, une phrase bienveillante avec une énergie derrière qui a plutôt envie de dégommer l'autre.
ou le compliment qui sonne comme une insulte, ou la phrase rassurante qui pue la peur...
On a tous des exemples de dissonances, dans le passé ou dans le présent.
Je connais quelques personnes qui, ancrées dans leur corps ressentent clairement quand elles doivent se barrer, couper court à une discussion stérile et passer à autre chose.
J'en connais encore plus qui restent, cherchent à comprendre, à être à l'écoute, à transformer ce malaise, à résoudre l'équation: j'en fais partie.
Je vois que dans beaucoup de moment de ma vie, j'ai utilisé mes compétences, mon intelligence pour chercher à comprendre.
Souvent en mode " si je comprenais ce qu'il/elle vit, je pourrais mettre du sens sur ce qu'il se passe. cela pourrait expliquer pourquoi...
Est ce que je leur cherchais des excuses? Peut-être pendant un temps. Puis ça a été chercher du sens pour comprendre comment réagir.
Le problème c'est que parfois, les choses n'ont aucun sens. Parfois, ce que je ressens dans mon corps est la seule bonne indication: que quand il y a dissonance, alors le terrain n'est pas sain.
Point barre.
Un des mythes que j'ai le plus cru, c'est " si il ou elle pouvait comprendre ce qu'il se passe en lui/ elle, il pourrait changer, évoluer, voir ce que j'essayais de faire pour lui/ elle"...
Mais en fait, c'est faux ( l'abus de bisounours, Charlotte aux fraises, Candy peut nuire au jugement! ) .
Quand quelqu'un a quitté sa route, sa justesse, il se peut qu'il/elle s'entête et qu'il/elle ressente notre insistance à mettre du sens comme de la violence.
Il se peut aussi que plus il/ elle avance sur ce chemin dévié et plus il lui est impossible de faire demi-tour sans péter un câble.
Il se peut qu'il soit plus facile pour lui/elle de rejeter tout le blâme sur toi pour ne pas avoir à affronter son tourment.
Et tes tentatives de compréhensions ne servent à rien.
Ton écoute de l'autre ne sert à rien, à part de te quitter toi.
Naviguer avec sa sensibilité, avec son intuition n'est pas toujours simple.
Imagine que ton énergie est comme une grande antenne parabolique, qui capte donc plusieurs fréquences.
Imagine que quand tu t'ouvres à l'autre, à sa sensibilité, tu captes aussi ses fils de souffrance... et que cette souffrance entre en résonnance avec des parts de toi. Ça donne un marécage de pathos.
Un truc où tu t'embourbes, où tu te détaches de temps en temps avec un bruit de succion écoeurant avant de trébucher et de te vautrer à nouveau.
Cela fait longtemps que j'ai réalisé que comprendre l'autre était aussi une stratégie de fuite enfantine, une tentative d'avoir un semblant de contrôle sur une situation.
L'autre alternative est de faire confiance à notre corps. D'apprendre à décoder ses signaux, d'apprendre à se dire oui, même quand on ne comprend pas tout.
Difficile, ambitieux, peut-être? A moins que ce soit par là que tout commence.
Dès la naissance, notre corps est notre interface de rencontre avec le corps.
C'est lui qui nous renseigne sur notre milieu, lui qui nous transmet les informations vitales.
Peu à peu, le cerveau qui se développe , la compréhension, la sphère mentale prend plus de place et filtre ce qui heurte la sensibilité de notre corps et de notre énergie.
Quand nous revenons au corps, nous réapprenons à prendre contact avec cette sensibilité.
Être Humain, ce n'est pas tout comprendre, mais c'est traverser les expériences, même les douloureuses avec courage.
Vivre n'est pas confortable, mais nous sommes faits pour vivre vraiment les émotions, vivre vraiment les expériences.
Toutes les expériences? non! On n'en est pas à subir la Vie, non plus !
Si elles ne nous plaisent pas, si notre corps ne se sent pas bien, c'est à nous d'avancer, de changer les paramètres jusqu'à ce qu'on sente qu'on trouve le juste milieu, celui où notre corps aime vivre et évoluer.
Alors oui, connecter avec son corps et son intuition ouvre une porte ( ou plusieurs) sur notre vérité, et cette vérité peut bousculer nos vies rangés: On en vient à stopper la relation avec l'homme avec lequel on vivait quand cela ne convient pas.
On en vient à changer de job, à changer de pays ou même d'amis.
Et on a peur d'être décoiffé par tous ces changements.
Je ne sais pas s'il y a une recette pour passer à travers gracieusement, mais ce que je sais, c'est que cette voix intérieure, qui nous rend unique et vivant ne se trompe pas.
Et je pense que les humains méritent de trouver leur environnement.
Je pense qu'un homme ou une femme mérite d'être entendu et écouté avec respect quand il dit qu'il n'en peut plus, sans qu'on lui mette une pression de "culpabilité", de "faire plus", de devoir réparer la relation, de devoir tenir les apparences...
Peut-être qu'il n'y a plus rien à réparer, s'il n'y a plus de relation sincère depuis longtemps.
Peut-être qu'il n'y a pas de faute ( notre mental adore chercher la faute, créer l'histoire, les prétextes, etc...) : souvent, quand la narration s'arrête et qu'on regarde en dessous, on peut voir que l'évènement déclencheur répond à quelque chose de subtil formulé quelques mois plutôt...
Que les évènements perturbateurs de nos odyssées sont peut-être organisés pour faire cesser un statut quo qui n'évoluait plus.
La Nature est mouvement et ce qui stagne a besoin de mouvement.
Donc ce qui arrête de bouger doit être rebousculé.
Ainsi, quand notre besoin de compréhension vient figer une situation, il y a quelques symptômes pour nous alerter:
La même situation qui se répète
Les mêmes symptômes physiques
Un besoin de contrôle qui nous rend tendus et intolérants aux changements ( gros gros signe, là! )
C'est le moment de retourner en soi et d'observer à nouveau:
"Comment je me sens ici, dans cette pièce, dans cette maison? "
" Comment je me sens avec cette personne"
"Comment je me sens avec cette situation, ça me fait quoi dans le corps ? "
" Si quelqu'un d'autre me racontait cette situation, je lui conseillerais quoi? Objectivement, j'en dirais quoi? "
"Si j'arrête de vouloir comprendre et expliquer, est ce que je me sens contente, heureuse, détendue là maintenant? Si non, qu'est ce que je fais pour moi, qu'est ce que je choisis? "
C'est à nous d'être les gardiens et les gardiennes de notre énergie et de notre sensibilité.
L'autre par lequel nous ressentons de la dissonance n'est pas responsable de ce que l'on va en faire et ne peut en général pas prévoir ce que ça va nous faire.
Donc, quelque soit l'attitude de l'autre en face, à un moment, c'est à nous de prendre la décision de " est ce que ça me convient ou pas? ".
Et d'agir.
Sans colère contre l'autre, parfois même avec des regrets et des deuils à faire de ce que nous laissons en arrière, mais avec détermination de se donner à soi ce dont on a besoin .
Parce que personne ne peut le deviner pour nous.
Alors le besoin de tout comprendre?
Merci mais non merci.
On relâche la compréhension, et avec ça la croyance que si on faisait tel stage, qu'on lisait tel livre, tel soin, alors tout s'éclairerait....
Si ça se trouve, rien ne s'éclaire, et les gentils ne sont pas récompensés à la fin.
Dès lors, la question, c'est là, maintenant, tu choisis quoi pour toi?
Tu fermes les yeux sur ce que tu ressens, ou tu décides d'agir à partir de ce que tu ressens?
🔥❤️🔥